Vos messages m'encouragent à continuer alors c'est le serpent qui se mord la queue , mais vous m'en voyez râvi car c'est justement le but recherché pour moi, changer un peu les mentalité même si infime soit le résultat c'est toujours bien et si ça aiguise votre curiosité c'est que ça vous laisse pas indifférent(s)(es) mais dans le bon sens.
Pour les questions techniques (on voit que tu baigne dans l'élevage depuis un bout Ghislaine ;-) bien souvent ce sont les éleveurs d'autres domaines qui posent autant de questions pertinentes et bien ciblées), j'y viens :
- Seules les mygales du continent américain ont des poils urticants, une couche sur l'abdomen, des poils très volatiles et pour certaines très urticants. Les américaines n'étant, dans une grande proportion, que peu mordeuses et "agressives" (comprendre plutôt dans le sens "défensives" lorsque j'utilise ce terme), la nature les a dotées donc de poils urticants pour faire fuir les prédateurs, les Psalmopoeus étrangement en sont totalement dépourvues, la raison principale qui a fait qu'elles ont basculées dans une sous-famille d'asiatiques semi-arboricoles avec lesquelles elles ont bien plus de points en commun en terme de morphologie et clé d'identification systématique. On identifie 5 types de poils urticants, classés de 1 à 5 selon leur aspect, les N° 5 ne sont présents que chez les Theraphos blondi, apophysis et stirmi, le genre qui regroupe les 3 espèces les + grosses du monde 28 cm d'envergure, un abdomen aussi gros qu'un navet, un céphalothorax plus gros qu'une balle de ping-pong... me voici lors d'une séance de "naturalisation" d'une vieille femelle Theraphosa blondi morte que nous avons naturalisé pour la mettre en cadre avec un ami, juste pour vous donner un aperçu de sa taille sachant que certaines peuvent être encore un peu plus grosses :
Bien entendu les gants sont là pour protéger l'irritation des mains, mais il fallait même faire ça sur une terrasse car les poils sont présents dans l'air ambiant sur un petit rayon autour de la bète, ça se sentait durant la séance qui a été une des plus dure ^^ Sueures, bouffées de chaleurs, yeux qui picottent, on avait pas intérêt de se gratter les yeux !! Ni même le nez, bref, une épreuve, ce n'est qu'après la douche que j'ai pus enfin me frotter un peu les yeux et tout. Les poils urticants des Theraphosa sont vraiment mauvais, des éleveurs ont été obligés de stopper l'élevage de cette espèce à cause d'un développement de symptômes allergiques alors qu'ils élevaient depuis des années des espèces américaines terricoles...
On atteint pas encore le niveau d'irritations des poils urticants des chenilles, et heureusement ^^ Mais c'est tout de même très dérangeant, donc les américaines faut éviter de les manipuler sans raison valable comme le soin d'une mycose abdominale ou d'une plaie par exemple. Les mygales des autres continents sont 2x plus agressives mais non-urticantes, question caresses sur les mygales c'est râpé Ghislaine ^^
Ceci-dit, il est possible de toucher les mues sans problèmes, sauf pour les américaines ou il faudra se laver les mains après (urticantes...) et les mues les plus agréables à toucher sont celles des mygales ayant plus un aspect velour comme ma préféré (Pelinobius muticus, la grande souterraine rousse africaine aux pattes arrières larges se terminant comme des mouffles), les arboricoles africaines également sont super douces et non-urticantes, mais il est juste impossible d'en toucher une vivante tellement ce sont parmis les pires caractères dans le domaine !! Question caractère je dirais que TOUTES les asiatiques sont d'un tempéremment tellement irritable que ça en devient réellement impressionnant, même choses pour les africaines à l'exception justement de certaines comme la petite espèce présentée précédemment très vive mais aucunement agressive. Une mention spéciale en terme de caractère impressionnant pour Pelinobius muticus qui, malgré son air pataud de souterraine, frappe violemment le sol de ses pattes avant et des crochets, stridule très fortement, avance lentement mais sûrement vers celui qui l'agresse et ne se décourage pas facilement voir pas du tout. S'il faut sortir à + de 20 cm en-dehors de son terrier pour repousser l'agresseur elle le fera, chose impossible pour une souterraine asiatique qui va elle aussi frapper, striduler et sera un poil plus vive et moins pataude mais restera coûte que coûte juste devant l'entrée de son terrier maximum, jamais elle n'en sortira car ce serait trop se mettre en danger. Mention spéciale aussi à Stromatopelma calceata (celle cambrée face à l'objectif protégeant son cocon fixé à la parois du terrarium, arboricole africaine), peureuse et donc un vrai turbo d'abord, mais une fois dans son repaire c'est un vrai fauve, par contre, dès qu'elle est totalement délogée elle panique vite et part en courant pour fuir avec une rapidité sans pareil, les arboricoles sont taillées pour la vitesse et elle sait le montrer !!
Niveau toxicité et bien non, ce n'est pas la plus petite ici présente Ghislaine qui est la pire ^^ La Stromatopelma calceata est la pire, l'arboricole africaine dont je viens de parler précédemment, dans la dernière série de photos que j'ai posté c'est la toute 1ère ^^ De manière générale, encore une fois, les mygales asiatiques et africaines sont pires en toxicité que les américaines, effectivement, avec la veuve noire et sa taille on aurait tendance à casser le duo grosse/dangereuse plus facilement désormais, et c'est toujours en partie vrai car les Theraphosa par exemple ne sont vraiment pas très dangereuses niveau venin, guère plus grave qu'une ou 2 piqûre de frelon, c'est la taille des crochets qui ferait plutôt que la plaie serait bien douloureuse surtout mais je ne connait personne qui s'est encore fait mordre par ces mammouths à 8 pattes, faut déjà vouloir s'y frotter ^^
Les venins sont des composés très complexes, bien moins complexes que ceux des serpents vénimeux et encore moins que ceux des animaux marins vénimeux qui eux atteignent des records... On distingue 3 grands composés différents :
- les Hémotoxines : faisant éclater les globules rouges, empoisonnement du sang entraînant un arrêt cardiaque pour les + puissants,
- les Cytotoxines : s'attaquent à des catégories de cellules qui sont propres à chaque toxine, on y trouve les venins nécrosants comme celui des Loxosceles, petite araignée dont le venin entraine la mort des cellules autour de la morsure pouvant provoquer une nécrose si pas traité rapidement, morsure très très moche après 48H si pas de soins mais bien moins dangereuse que les autres catégories de venins,
- les Neurotoxines : les pires, inutiles de détailler plus sur le fait qu'elles sont responsables des cas de convultions pour les venins foudroyants, d'évanouïssements, de lésions irréversibles sur le système nerveux à long terme impliquant des effets secondaires pour le patients comme crampes, étourdissements, tachycardie, souffles au coeur, problème pour retrouver la parole, de motricité... la liste est très longue...
C'est le composé principal du venin des veuves et des Phoneutria, araignées nomades de bonne taille, arboricoles, souvent appellée l'araignée des bananiers de la famille des Ctenidae. Chez les mygales ce sont surtout les mygales de la famille des Hexathelidae qui sont concernées avec la Atrax robustus d'Australie. Toutes celles précitées sont très agressives également et n'aiment pas du tout être dérangées, ce qui ouvre l'évantail de risques considérablement, surtout pour les Phoneutria car nomades et capables de vision puisqu'elles elles font partie d'une famille d'araignées (les Ctenidae pour rappel) assez évoluées par rapport à la normale, les mygales je le rappelle, sont la forme archaïque de l'évolution vers les araignées, leurs ancêtres en quelque sorte sauf qu'elles existent toujours, c'est comme le Hoazin de Guyane qui présente encore des griffes aux articulations des ailes comme l'ancêtre de l'oiseau au temps de la préhistoire, ce doit sans doute être l'oiseau le moins évolué de notre temps.
Je n'élève pas pour les animaleries (je n'aime pas les animaleries bien que ça dépanne en matériel...) qui n'ont plus droit de vendre de mygales au public puisque c'est désormais soumis à CDC depuis Mars 2004, j'élève pour échanger avec des particuliers principalement, revendre un peu aussi pour maintenir en élevage certaines espèces que certains élèvent mais pas d'autres... pour le plaisir d'élever des mygales tant qu'on y trouve un plaisir et une passion j'imagine ^^ Elles me fascinent et me fascineront toujours je pense, les avoir vu à l'état naturel en Guyane (Mars 2004 justement ^^) a été un de mes rêve réalisé, mais je compte pas m'arrêter là !!
XAV
Modifié par Mamy la Puce, 06 mars 2014 - 16:34.