Le picage du perroquet :
Ceci ne s'appuie sur aucune donnée scientifique, ce n'est que le fruit de mon observation et expérience, auprès d'un perroquet qui se mutile.
Si ce témoignage peut servir à renforcer un point de vue, ou une théorie, j'en serais très heureuse.
Nous appelons le picage, un problème récurant.
Le picage n'est pas une maladie, et n'est pas non plus une fatalité.
Je le perçois plus comme une réponse a "un état d'âme".
Le picage aurait-il plusieurs facettes ?
Nous parlons du picage, mais je pense que l'on ferait mieux de revoir notre copie, et de ne pas mettre tout dans le même panier.
En effet, je pense qu'il y a DES picages, tous sont une réponse de l'organisme à une cause.
Un peu comme une allergie cutanée... Nous allons soigner ce qui est visible, (les boutons), sans percevoir ce qui se passe à l'intérieur.
Nous pourrions voir, par exemple :
- "le picage d'inquiétude" qui se manifesterait par un arrachage régulier des plumes, partiellement autour du cou.
- "le picage d'ennui" qui se manifesterait par un arrachage irrégulier des plumes au niveau du dos et du devant des cuisses
- "le picage de reconnaissance" qui se manifesterait par l'arrachage des rémiges, car l'oiseau ne se reconnait pas en tant que tel
- "le picage de peur" qui se manifesterait par l'arrachage des rectrices de la queue
- "le picage hormonal" qui se manifesterait par l'arrachage des plumes du ventre et entre les cuisses
- "le picage installé" qui se manifesterait par un arrachage du duvet, cou, ventre, cuisses, dos
- "le picage sévère" qui entamerait la première couche de la peau, ressemblant à une brûlure
- "le picage suicidaire" qui occasionnerait une mutilation des ailes, ou au niveau du bréchet... Se faire mal pour ne plus se sentir vivre.
Je pense que certains oiseaux ont déjà un terrain sensible au picage.
D'autres vivent des situations dramatiques, ou d'enfermement très réduit, sans pour cela se piquer, peut-être sont-il moins sujets au stress.
Vivre au quotidien avec "le picage"
Ce n'est pas facile.
En premier lieu, il faut gérer et comprendre la ou les causes de cet état.
- Remonter aussi loin que possible dans le passé de l'oiseau, et noter chaque détail, tout à son importance.
- Corriger et au besoin chambouler l'organisation des emplois du temps, horaires, façons de dormir, de se nourrir, de sortir, de découvrir...
- Apprendre à l'oiseau d'être indépendant, le valoriser, être présent, sans l'étouffer
- Lui apprendre à rire, tout comme pour nous, humain, le rire est le meilleur remède pour tous les maux.
- Le rire détend l'esprit, efface le stress, renforce le système immunitaire, une cure de jouvence à la portée de tous.
Un oiseau qui se pique va automatiquement puiser un jour ou l'autre dans ses réserves, pour permettre aux plumes de pousser, à la peau, si elle est touchée, de se refaire.
Le régime sera riche en vitamines, sans parler d'extrudés, je dirais, les vrais bons fruits, bien juteux, bien mûrs, passés sous un bon soleil. Les baies, bourgeons, herbes (orties),
sans oublier bien entendu la spiruline, puis les noix, noisettes, pistaches, bonnes graines, oligoéléments soufrés, etc...
Tout doit devenir plaisir, manger, se reposer, jouer. Une petite dinette de 10 minutes, pour faire passer des messages.
Prendre ou ne pas prendre le picage à la légère ?
Les débuts du picage seront déterminant en fonction des facteurs environnementaux et des décisions prises.
Un peu, comme si on s'accordait le droit de dire a un dépressif, qu'il a un pied dans la tombe s'il continue à avancer.
Nous allons le placer dans un engrenage qui le mènera droit à sa perte.
Il ne comprendra pas pourquoi il aurait dû s'arrêter avant. Le moral est tel qu'il ne lui permet pas de réfléchir.
Il y a un voile opaque qui vient de se poser sur le raisonnement.
Cela ne servira à rien de faire remarquer ou pas à l'oiseau qui se pique, il ne sait pas, il ne comprend pas.
Par contre, l'humain, responsable de l'oiseau, lui n'est pas touché, enfin, il faut espérer, par cet état dépressif...
Il peut faire un premier bilan sur le passé de son compagnon à plume, et corriger le ou les problèmes rapidement, afin que le picage ne puisse pas s'installer.
Le picage pour redorer le blason
Ce que j'ai remarqué, c'est que le fait de se piquer aide les perroquets à adopter une position qui paraît "stable" vis à vis des autres.
Par exemple :
- Nous posons un perroquet qui se pique, sur une corde, dans une volière où d'autres oiseaux jouent.
Son premier réflexe va être de s'arracher un bout de plume, de duvet ou de peau, dès qu'il sera sur le perchoir ou la corde.
Le picage sera sous l'aile, ou sur le bréchet, n'est ce pas la réponse a une mauvaise gestion de "la foule" ?
En apprenant au perroquet à détourner son appréhension de côtoyer les autres, à gruger des morceaux de bois pas trop durs, il va automatiquement porter son bec sur ce qui le retient, corde ou perchoir.
Il va gérer d'une autre façon son stress. Il doit arriver à casser le bois sans difficulté, le fait de détruire va lui procurer une certaine satisfaction.
- Nous posons un perroquet qui se pique, sur le dossier d'une chaise, et nous nous éloignons.
Il va tout de suite, porter son bec au niveau de son cou, puis va commencer à s'arracher les plumes, ou duvet, ou peau, il est inquiet, il va se retrouver seul.
Tout ce que l'on pourra dire ou faire n'y changera rien.
Laissez un enfant dans le noir en lui demandant de ne pas bouger, vous allez revenir, il ne tiendra pas longtemps avant d'essayer de vous rejoindre.
Sa peur ou ses craintes, passeront au dessus de tous raisonnements.
Tranquilliser le perroquet avec un bout de carton, jouets ou autres accrochés au dossier de chaise, aideront à canaliser ses hantises d'abandon.
Je pense aussi que la toute première période de picage, commence par les cris.
Le perroquet cri, ses appels sont synonymes de demandes, il a tout, il est dans sa cage, il veut probablement sortir.
Mais il est dehors, il continue de crier, il veut sans doute être sur nous...
Et voila le début de l'engrenage.
Alors oui, le cri est un comportement inné, mais en captivité, cet "inné" est modifié à la naissance.
Dans l'éleveuse, pas de bruit, pas de son pour se repérer, se construire.
Sorti de l'éleveuse, des bruits de casseroles, d'augets qui s'entrechoquent, les bruits d'un hôpital, rien à voir avec la vérité.
Puis les premiers vols, les premières graines, des sons plus prononcés, mais rien de constructif.
Apprendre la vie
Comment aborder une vie qui n'est pas la nôtre sans appréhension ?
Comment pourrait-on voir nos assiettes en feuilles, nos menus en insectes ou en régurgitation, nos sons en hurlement de cacatoès, nos émotions en battements d'ailes, notre émoi en ouverture de bec...
Il nous faudrait certainement un temps d'adaptation assez long, mais, à eux, les perroquets, nous ne leur accordons que quelques mois.
Un pourcentage ridicule, une toute petite tranche, dans la vie de ces oiseaux.
Certains sont plus réceptifs que d'autres, plus lents, plus fragiles, pourquoi ne pas prendre au cas par cas ?
Pourquoi faire un tableau sur le temps de sevrage, tout doit être étiqueté, rentrer dans les colonnes, respecter des critères...
Et si toutes nos obligations renforçaient les problèmes de picage...
Finalement, qu'est ce que le temps ?
Pourquoi transmettons-nous le stress à nos oiseaux ?
Notre façon d'agir, et nos échanges sont trop rapides, pour permettre au perroquet d'assimiler toutes nos demandes.