LES LORIS
On a donné ce nom dans les Indes orientales à une famille de perroquets, dont le cri exprime assez bien le mot lori.
Ils ne sont guère distingués des autres oiseaux de ce genre que par leur plumage, dont la couleur dominante est le rouge plus ou moins foncé.
Outre cette différence principale, on peut aussi remarquer que les loris ont en général le bec plus petit, moins courbé et plus aigu que les autres perroquets.
Ils ont de plus le regard vif, la voix perçante et les mouvements prompts. Ils sont, dit Edwards, les plus agiles de tous les perroquets, et les seuls qui sautent sur leur bâton jusqu'à un pied de hauteur. Ces qualités bien constatées démentent la tristesse silencieuse qu'un voyageur leur attribue.
Ils apprennent très facilement à siffler et à articuler des paroles : on les apprivoise aussi fort aisément, et ce qui est assez rare dans tous les animaux, ils conservent de la gaité dans la captivité ; mais ils sont en général très délicats et très difficiles à transporter et à nourrir dans nos climats tempérés, où ils ne peuvent vivre longtemps. Ils sont sujets, même dans leur pays natal, à des accès épileptiques, comme les aras et d'autres perroquets ; mais il est probable que les uns et les autres ne ressentent cette maladie que dans la captivité.
C'est improprement, dit Monsieur Sonnerat, que les ornithologistes ont désignés les loris par les noms de Loris des philippines, des Indes Orientales, de la Chine, etc... Les oiseaux de cette espèce ne se trouvent qu'aux Moluques et à la Nouvelle Guinée ; ceux qu'on voit ailleurs en ont tous été transportés, mais c'est encore plus improprement, ou, pour mieux dire très mal à propos, que ces mêmes nomenclateurs d'oiseaux ont donné quelques espèces de loris comme originaire d'Amérique, puisqu'il n'en existe aucune, et que si quelques voyageurs en ont vu, ce que peuvent être que quelques individus qui avaient été transportés des îles orientales de l'Asie.
LE LORI-NOIRA
(Psittacus Garrulus)
Ce lori se trouve à Ternate, à Céram et à Java. Le nom de NOIRA est celui que les hollandais lui donnent, et sous lequel il est connu dans ces îles.
Cette espèce est si recherchée dans les Indes, qu'on donne volontiers jusqu'à dix réaux de huit pour un Noira. On lit dans les premiers voyages des Hollandais à Java, que pendant longtemps on avait tenté inutilement de transporter quelques uns de ces beaux oiseaux en Europe ; ils périssaient tous dans la traversée : cependant les hollandais du second voyage en apportèrent un à Amsterdam. On en a vu plus fréquemment depuis. Le Noira marque de l'attachement à son maïtre et même de la tendresse, il le caresse avec son bec, lui passe les cheveux brin à brin avec une douceur et une familiarité surprenantes ; en même temps il ne peut souffrir les étrangers, et les mord avec une sorte de fureur. Les indiens de Java nourrissent un grand nombre de ces oiseaux. En général, il paraît que la coutume de nourrir et d'élever des perroquets en domesticité est très ancienne chez les indiens, puisqu'Aelien en fait mention.
VARIETES DU NOIRA
1 - C'est apparemment au Noira que ce rapporte ce que dit Aldrovande du perroquet de Java que les insulaires appellent NOR, c'est à dire Brillant. Il a tout le corps d'un rouge foncé, l'aile et la queue d'un vert aussi foncé, une tache jaune sur le dos, et un petit bord de cette même couleur à l'épaule. Entre les plumes de l'aile, qui, étant repliée paraît toute verte, les couvertures seulement et les petites pennes sont de cette couleur jaune, et les grandes sont brunes.
2 - Le lori décrit par M.Brisson sous le nom de lori de Céram, et auquel il attribue tout ce que nous avons appliqué au Noira, n'en est en effet qu'une variété, et il ne diffère de notre Noira qu'en ce qu'il a les plumes des jambes de couleur verte, et que le Noira les a rouge comme le reste du corps.
LE LORI A COLLIER
(Psittacus Domicella)
Cette seconde espèce de Lori a tout le corps avec la queue de ce rouge foncé de sang qui est proprement la livrée des loris ; l'aile est verte ; le haut de la tête est d'un noir terminé de violet sous la nuque ; les jambes et le pli de l'aile sont d'un beau bleu ; le bas du cou est garni d'un demi-collier jaune ; et c'est par ce dernier caractère que nous avons cru devoir désigner cette espèce.
Ce lori est comme tous les autres, très doux et familier, mais aussi très délicat et difficile à élever. Il n'y en a point qui apprennent plus facilement à parler et qui parlent aussi distinctement. J'en ai vu dit M. Aublet, qui répétait tout ce qu'il entendait dire la première fois. Tout étonnante que cette faculté puisse paraître, on ne peut guère en douter ; il semble même qu'il appartienne à tous les loris. Celui-ci en particulier est très estimé : Albin dit qu'il l'a vu vendre vingt guinées. Au reste on doit regarder comme une variété de cette espèce le lori à collier des Indes donné par M. Brisson.
LE LORI TRICOLOR
(Psittacus Lory)
Le beau rouge, l'azur et le vert, qui frappent les yeux dans le plumage de ce lori, et le coupent par grandes masses, nous ont déterminés à lui donner le nom de tricolor. Le devant et les côté du cou, les flancs avec le bas du doc, le croupion et la moitié de la queue sont rouge ; le dessous du corps; les jambes et le haut du dos sont bleus ; l'aile est verte et la pointe de la queue bleue : une calotte noire couvre le sommet de la tête.
La longueur de cet oiseau est à peu près 10 pouces. Il en est peu d'aussi beaux par l'éclat, la netteté, la brillante opposition des couleurs ; sa gentillesse égale sa beauté.
Edwards, qui l'a vu vivant, et qui le nomme petit lori, dit qu'il sifflait joliment, prononçait distinctement différents mots, et, sautant gaiement sur son perchoir ou sur le doigt, criait d'une vois douce et claire "lori lori". Il jouait avec la main qu'on lui présentait, courait après les personne en sautillant comme un moineau. Ce charmant oiseau vu peu de mois en Angleterre. M. Sonnera l'a trouvé à l'ïle de Soulo, l'une des Philippines.
LE LORI CRAMOISI
(Psittacus Puniceus)
Ce Lori a près de onze pouce de longueur. Nous le nommons cramoisi, parce que son rouge, la face exceptée, est beaucoup moins éclatant que celui des autres loris, et paraît comme terni et comme bruni sur l'aile. Le bleu du haut du cou et de l'estomac est faible et tirant au violet ; mais au pli de l'aile il est vif et azuré, et au bord des grandes pennes il se perd dans leur fond noirâtre. La queue est par dessous d'un rouge enfumé, et en dessus du même rouge tuilé sur le dos.
Cette espèce n'est pas la seule qui soit à Amboine et il paraît par le témoignage de Gemelli Carreri que la suivante s'y trouve également.
LE LORI ROUGE
(psittacus Ruber)
Quoique dans tous les loris le rouge soit la couleur dominante, celui-ci mérite entre tous les autres, le nom que nous lui donnons : il est entièrement rouge, à l'exception de la pointe de l'aile, qui est noirâtre : et de deux taches bleues sur le dos, et d'une de même couleur aux couvertures du dessous de la queue. Il a dix pouces de longueur. C'est une espèce qui paraît nouvelle et qui se trouve à Gilolo, l'une des îles Moluques
LE LORI ROUGE ET VIOLET
(Psittacus Guebiensis)
Ce lori s'est trouvé jusqu'à présent qu'à Gueby aux Moluques, et c'est par cette raison qu'on l'a nommé "Lori de Guebi". Il a tout le corps d'un rouge éclatant, régulièrement écaillé de brun violet depuis l'occiput en passant par les côtés du cou, jusqu'au ventre ; l'aile est coupée de rouge et de noir, de façon que cette dernière couleur termine toutes les pointes des pennes, et tranche une partie de leurs barbes ; les petites pennes et leurs couvertures les plus près du corps sont d'un violet brun ; la queue est d'un rouge cuivre. La longueur totale de ce lori est de huit pouces.
LE GRAND LORI
(Psittacus Grandis)
C'est le plus grand des loris ; il a treize pouces de longueur. La tête et le cou sont d'un beau rouge ; la base du cou tombant sur le dos est d'un bleu violet, la poitrine est richement muée de rouge, de bleu, de violet, et de vert ; le mélange de vert et de beau rouge continue sur le ventre ; les grandes pennes et le bord de l'aile depuis l'épaule sont d'un bleu azur ; le reste du manteau est rouge sombre ; la moitié de la queue est rouge, sa pointe jaune.
Il paraît que c'est cette espèce que Monsieur Vosmaër a décrite sous le nom de Lori de Ceylan, il avait apporté vraisemblablement de plus loin dans cette île, et de cette île en Hollande ; mais il y vécu peu, et mourut au bout de quelques mois.
LES LORIS PERRUCHES
Les espèces qui suivent sont des oiseaux presque entièrement rouges comme les loris ; mais leur queue est plus longue, et cependant plus courte que celle des perruches, et l'on doit les considérer comme faisant la nuance entre les loris et les perruches de l'ancien continent. Nous les appelons, par cette raison "loris perruches".
LE LORI PERRUCHE ROUGE
(Psittacus Borneus)
Le plumage de cet oiseau est presque entièrement rouge, à l'exception de quelques couvertures et des extrémités des pennes de l'aile et les pennes de la queue, dont les unes sont vertes, et quelques autres sont bleues.
La longueur totale de cet oiseau est de huit pouces et demi. Edwards dit qu'il est très rare et qu'un voyageur le donna à Monsieur Hans-Sloane, comme venant de Bornéo
LORI PERRUCHE VIOLET ET ROUGE
(psittacus coccineus)
La couleur de cet oiseau est le rouge mêlé de bleu violet. Sa longueur totale est de dix pouces ; la queue fait près du tiers de cette longueur : elle est toute d'un gros bleu de même que les flancs, l'estomac, le haut du dos et de la tête ; les grandes pennes de l'aile jaunes, tout le reste du plumage est d'un beau rouge bordé de noir en festons sur les ailes.
LE LORI PERRUCHE TRICOLOR
(psittacus amboinensis)
On peut nommer ainsi cet oiseau, le rouge, le vert et le bleu turquin occupant par trois grandes masses tout son plumage. Le rouge couvre la tête, le cou et le dessous du corps ; l'aile est d'un vert foncé ; le dos et la queue sont d'un gros bleu, moelleux et velouté.
La queue est longue de sept pouces, l'oiseau entier de quinze et demi, et de la grosseur d'une tourterelle. La queue dans ces trois dernières espèces quoique plus longue que ne l'est communément celle des loris et des perroquets proprement dits, n'est néanmoins pas étagée comme celle des perruches à longue queue, mais composée de pennes égales et coupées à peu près carrément.